1. |
Le gin à l'eau du lac
03:08
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Demain les poètes auront droit
À un litre de vin par jour
Même les policiers se méfieront de la loi
Le printemps reviendra toujours
Les motards seront moins subtils
Les chiens iront sans collier
Les princes russes encore hémophiles
Et les cocus moins rancuniers
Chaque village aura son Jésus
La plupart ne feront pas de miracles
Le monde encore rempli de bossus
Sans cloches à sonner, à côté de la track
Un peu comme aujourd’hui
Tout dépendant de la track
Les bancs de neige seront hauts comme ça
Il faudra de la bière du courage
Pour venir à bout de pelleter tout ça
La vie, c’est de l’ouvrage
Et les flots se laisseront flotter sur le dos tout nu
Sur les eaux du Saguenay jusqu’à Tadoussac
Et remonteront sur le pouce dans la même tenue
En poussant leur luck parfois jusqu’au Lac
Demain les gens vivront moins longtemps
Demain les gens vivront plus souvent
La pluie tombera plus drue sur des chemins plus pentus
L’inconnu commencera au coin de la rue
Un peu comme aujourd’hui
Tout dépendant de la rue
On embarquera dix-neuf dans la même voiture
Qui roulera aux regrets et à l’électricité
Bien sûr que personne n’attachera sa ceinture
On écoutera Moustaki pour se protéger
Demain les gens feront du vélo la nuit
Sans phares et sans freins, sans casque et fins saouls
La tête en feu follet pour bien jouir de l’usufruit
De la nuit en roue libre quand les nœuds se dénouent
Demain les accidents feront moins mal
Et les bateaux retrouveront leurs voiles
J’aurai peut-être enfin appris à flairer l’arnaque
Demain le gros gin se boira à l’eau du lac
Un peu comme aujourd’hui
Tout dépendant du lac
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2. |
Il n'y a pas de gala
03:00
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Il n’y a pas de gala
Pour les amoureux déçus
Les vies qui volent en éclats
Nos corridors sans issue
Il n’y a pas de gala
Pour nos enfances chétives
Les rêveurs trop délicats
Les nageurs entre deux rives
Il n’y a pas de gala
Pour les grands malades
Quand le mal reste là
Jusqu’à la fin de la parade
Il n’y a pas de gala
Pour les fous comme nous
Pris dans nos cinémas
À ramer dans le flou
Il n’y a pas de gala
Pour les boxeurs sonnés
Qui n’abandonnent pas
Qui ne savent que se relever
Il n’y a pas de gala
Pour les amoureux blessés
Qui réouvrent les bras
Qui refont la traversée
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3. |
Vert Vermont
03:30
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Les jours coulent en ruisseau blanc
Je n’ai pas vu de policier depuis longtemps
Le merle que tu soignes dans une boîte en carton
Ignore tout de sa guérison
Le soleil se couche dans nos pintes pleines d’amour
La nuit vient nous chercher en ambulance de velours
La fin du monde peut attendre encore deux secondes
Ma toune de Bashung joue sur les ondes
Il faut aimer le monde désespérant d’un amour désespéré
Les oiseaux remplissent le grand chêne de beauté
Le pluie fine pleut dans nos cafés
Le matin revient dans sa chanson lumineuse
Mon cœur bruisse comme une brique sans une sécheuse
Je me lève un peu plus tard que j’ai dit
Mais je monte vers une mer de feuille qui frémit
Comme une coccinelle accroché au dos de l’éléphant
Du vert Vermont du vrai printemps
Il faut aimer le monde désespérant d’un amour désespéré
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4. |
Du sang sur ma mitaine
02:31
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J’avais du sang sur ma mitaine
Le sang d’un autre enfant fragile
Nous étions de la même laine
Tous deux aussi doux que dociles
J’étais le temps d’une étincelle
Dans l’œil chenapan de ma gagne
Le triste roi accidentel
D’une bien modeste montagne
Qui a gagné qui a perdu
Il a pleuré et moi aussi
Coups de poing et lèvre fendue
La vue du sang nous radoucie
J’avais du sang sur ma mitaine
Le sang d’un autre enfant fragile
Nous étions de la même laine
Tous deux aussi doux que dociles
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5. |
Sarah
03:30
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Sarah tend
Une rude poignée de main
Qui refuse d'avance
Les premiers soins
Que son corps réclame
Sarah s'amourache en secret
Sarah met la table au milieu de nulle part
Pour une ombre
Qui ne sait pas encore
Je suis désolé Sarah
Je n'ai pas le temps qu'il faut
Pour apprivoiser les oiseaux
Je suis désolé Sarah
Les noyés ne peuvent rien
Les uns pour les autres
Sarah boit des poèmes
Et bouquine de la bière
Et les caractères se répandent
Sur la page
Ses dents bellement gâtées par la fumée des cigarettes
Ses lèvres rouge à lèvre qui mentent si peu
Sarah la repousse de ses ongles vernis
Le temps passe pour elle aussi
Je suis désolé Sarah
Je n'ai pas le temps qu'il faut
Pour apprivoiser les oiseaux
Je suis désolé Sarah
Les noyés ne peuvent rien
Les uns pour les autres
Sarah ton chat
Prend la ruelle et te laisse seule
Avec un téléphone et des journaux
Qui donnent le goût
De ne plus savoir lire
Sarah ton chat
Prend la ruelle et te laisse seule
Avec un téléphone et des journaux
Qui donnent le goût
De ne plus savoir lire du tout
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Malgré/Même si Sutton, Québec
Entre chanson réaliste et americana cosmique, Malgré/Même si bricole ses chansons dans l’amour et l’urgence.
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